Travaille entre Paris, la Normandie, La Ciotat et Berlin.
Marie-Hélène Fabra
Le temps de ma formation : théatre et peinture
... proprement dite a plutôt été classique : j’ai eu mon diplôme des Beaux Arts de Paris en 1987. Parallèlement, j’ai étudié l’Histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre et j’ai fondé avec des amis une troupe de théâtre de rue.
Ma génération s’est construite face à des peintres qui ont poussé à l’extrême le signe-signature : le pinceau de Toroni, la bande de Buren, l’éponge de Viallat. Je sais ne pas être la seule à avoir pris le contre-pied de cet art de la contrainte et du concept pour me tourner vers la figuration narrative. En revanche, nous sommes moins nombreux à nous interroger sur la question de l’art social, qui a eu une part importante dans ma démarche : les douze années que j’ai passées à animer des ateliers d’arts plastiques en prison et en milieu psychiatrique m’ont amenée à réaliser avec mes élèves des films, fresques, illustrations que je considère comme des oeuvres à part entière.
Depuis 6 ans je découvre l’art du verre travaillé au chalumeau et au four.
Les déplacements
... sont des moments étranges où nous sommes « entre » : ni tout à fait là ni tout à fait ici. Qui suis-je, là? C’est pourquoi j’ai d’innombrables carnets, notes de voyages, qui sont des exercices méditatifs. Parfois, il m’arrive de retenir ces moments pour en faire quelque chose de plus abouti, quand je sens que mes esquisses n’épuisent pas le sujet ; que tel voyage ou tel transport quotidien met en jeu une part de moi-même. Voyages et déplacements me déstabilisent toujours, parce que je passe mon temps à éprouver les limites de qui je suis. Le déplacement, c’est exactement se mettre dans la disposition d’être autrement et, en même temps, dans la nécessité à être soi-même.
L’exil
... a joué un grand rôle dans ma famille : mon père est le fils d’un émigré espagnol et ma mère était roumaine. J’ai grandi avec ces notions de déracinement, de perte, de décalage. La détention de mes grands parents dans des camps roumains, où mon grand-père a trouvé la mort m’a familiarisé dès l’enfance avec la dimension tragique.
Le chemin que je trace
... est un dialogue entre des artistes que j’admire et les choses que je vis, vois et imagine. Je peins des paysages et des personnages, peu d’objets. Je procède par séries définies par un sujet, une technique et une palette. Chaque oeuvre est à la fois indépendante et liée aux autres oeuvres de la série à laquelle elle appartient, c’est pourquoi j’attache une grande importance lors de mes expositions à la manière dont les peintures et dessins s’articulent entre eux.
Mon premier atelier, à Argenteuil, m’a motivé à peindre les paysages de banlieue. Le second était à Paris : je me suis nourrie de films et d’images publicitaires. Une résidence à Berlin m’a aidée à articuler autrement mes croquis en composant de vastes dessins « désordres ». La mort de ma mère, survenue en 2009, m’a fait redécouvrir des archives familiales où j’ai puisé l’inspiration pour peindre d’après d’anciens albums photographiques et écrire un livre publié en Roumanie et en France. Trois années passées à réaliser deux films d’après des tragédies de Sophocle jouées avec des prisonniers de Fresnes ont été le point de départ d’un travail sur la mythologie et le conte que je poursuis jusqu’à ce jour. Depuis deux ans, la question de la fin du monde, non comme conviction personnelle mais comme croyance de mon temps, m’inspire pour peindre des personnages perdus dans des paysages polaires.
J’expose dans des centres d’art, des fondations, des galeries, des salons en France et à l’étranger : Allemagne, Roumanie, Argentine, Italie.
Mes peintures ont été achetées par Le Frac Ile-de-France, La collection Mac-Donald, La collection des Beaux Arts de Paris, La fondation Écureuil, La fondation Colas.
J’organise régulièrement des événements avec d’autres artistes : workshop, expositions, projections.
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